>> FABLES <<
SOLEIL DE MINUIT
30/01/2015
Dans la nuit, au ciel sombre
Les nuages coulissent
Dans la nuit, au-dessus du vieux Londres
Sans un bruit qui s'immisce
Surgit alors le soleil de minuit
Sublime hérésie, sublime agonie
C'est le spectre lumineux d'airain
De l'espérance au loin qui s'éteint
La ville lumineuse est vide
Je ne vois pas les étoiles
Je ne vois plus que les rides
D'une civilisation anéantie, ancestrale
Plus de bruits, plus d'automobiles,
Plus d'intellectuels, plus d'imbéciles,
Juste la neige qui tombe sur le béton
Et l'obscurité qui s'étend sur l'horizon
Les flocons doucement s'étalent
S'écrasent comme le poids de la peine
Tourbillonnent, s'engouffrant dans les dédales
Il ne reste plus que des morceaux dans la Seine
New York se meurt
Dans les restes de ses fumées
Je vois des murs s'écrouler
Et Berlin dont s'arrête le cœur
Si seulement revivait l'espérance qui luit
Si le soleil de minuit
Redevenait le soleil des jours
Et si la vie renaissait pour toujours
Je m'en irai...
ETOILES
05/04/2015
C'est un rêve, c'est la nuit.
Un voile scintillant recouvre la campagne.
Allongé dans une herbe qui luit,
Sous les reflets de la lune qui saigne
Des torrents de lait lumineux.
Au près du ru mélancolique, on voit
Un homme chapeauté, comme Charon,
Au-dessus du pont au dos de bois,
Qui fait passer silencieusement ses moutons.
De l'autre côté, il ouvre la barrière,
Et, voyant les colombes devant la lune,
Il fait entrer ses bêtes dans la clairière,
Et, lentement, va s'allonger sur la dune.
Les étoiles brillent comme des diamants,
La nuit chaude luit sur les cimes enneigées,
Et le vent entame lentement son chant
Et écarte les brumes ennuagées.
C'est dans cet écrin de nature
Que le paysan au cœur sage
S'est installé avec ses créatures
Pour vivre cet instant de passage.
Et alors il s'imagine
Poursuivant les étoiles
Attrapant la lune androgyne,
Courant, volant, mettant les voiles,
À la poursuite de ses rêves les plus fous.
Mais il n'avait qu'un bateau pour voler,
Il n'avait que des ailes pour nager,
Il était incompris de la société,
C'était un érudit, mais il était moqué...
Alors, il s'enfermait dans ses collines,
Il admirait ces reflets ardents,
Il enlaçait l'herbe câline,
Et aimait le ruisseau débordant...
Et puis, une fois,
Il ne revint pas à la ville,
Mais on pouvait l'apercevoir parfois,
Sur sa colline, sur son île...
Et un soir,
Alors que les autres dormaient,
Il n'avait pas perdu espoir,
Et la lune l'a emmené...
C'était un soir, il y a longtemps,
C'était une nuit, c'était hier,
C'était un instant, le cœur battant,
Derrière le doux murmure de la rivière.
OISEAUX
22/07/2015
Dans le ciel
Bleu pastel
Comme une bulle
Passe un oiseau
Une virgule
Une paire de ciseaux
Noir, un corbeau
Encre de Chine
Sur la toile en papier
Une marque de pinceau
Un clou charpentier
Sur le parchemin
Aux aplats de nuages
Qui se donnent la main
Tel un attelage
Courent jusqu'au soleil
Qui, dans le lointain
S'éteint
Dans l'océan vermeil
Là où la lune s'éveille
Un cumulus
Telle une pagode
S'élève tant et plus
Ainsi que les odes
Des chœurs de sapins
Sur le bord des chemins
Montants
Les montagnes
Aux grands chapeaux blancs
Qui chantent au loin
Des vieux refrains
Tournent
Les étourneaux
Bêlent
Les hirondelles
Planent les corbeaux
À travers les cerceaux
De cirrus
Tant et plus
Sur les cordes
Ils se posent
Ils accordent
Les guitares
Orchestre
Symphonie
Harmonie du soir
Mais, maintenant,
Il est tard.
VENT
16/07/2015
Dans les ruelles arides
Erre le vent du désert
Desséchant les murs humides
Dispersant dans l'air la poussière
Un air chaud assomme les pierres
Les feuilles brunissent et se dessèchent
Emportant avec elle une saveur amère
À travers les feuillages en mèches
Échos sur les boulevards
Tourbillons sur les trottoirs
Les canalisations grésillent
Sous les coups de fouet du sable
Un grondement lointain
Agite le ciel bleu
Un long chant ancien
C'est le chant de l'attente
La chanson de la patience haletante
La terre poussiéreuse se lamente
Observe l'œil bleu du ciel avare
Cet œil qui ne pleure plus les soirs
Ce visage de couleur qui abreuve les plantes
Retient ses larmes depuis trop longtemps
Les tuiles aussi attendent sous le ciel lourd
La pluie salvatrice pour jouer du tambour
Mais la seule symphonie qu'on entend
Est celle des instruments à vent
Car les guitares sont trop sèches
Les cordes ne s'accordent plus
On y accroche le linge rêche
Ou les volets à la peinture nue
Blancs, exposés sous le soleil ardent
Les murs tremblent et se fissurent
Pendant que la bise cherche un amant
Désespérément dans les fontaines au sang pur.
LUNDI
28/09/2015
Une lune rouge vient de se coucher
Derrière immeubles et clochers
Mais le soleil de la joie s'élève
Percé par les tours pointées comme des glaives.
Les ombres des arbres flamboyants sourient
Sous les pas hasardeux des manteaux d'automne
Alors s'envolent les partitions des arbres qui prient
Sur le sol d'église de la place qui marmonne
Agitation derrière les fenêtres, les volets s'animent,
Grondement de lumière, orchestre urbain,
Midi sonne au-dessus des cimes
Et du crâne du businessman au turbin
Un soleil rouge va se coucher,
Derrière des nuages au teint rose
Et s'endort le jour maintenant achevé
Attendant le lendemain pour une nouvelle prose.
THÉ MATINAL
30/04/2016 12:00
J'aime l'odeur de la vielle ce matin
Son parfum humide aux notes de satin
Une infusion calme aux feuilles vertes
Aux fleurs séchées bleues et roses
Aux blanches noisettes de maisons inertes
Et au ciel laiteux d'un nuage qui se pose
Les bâtiments de porcelaine qui entourent ma place
Embrasse douillettement telle une large tasse
Les odeurs de bitume, le parfum des passants
Les notes de leurs pensées d'encens
L'amertume de leur passé jauni
La douceur de l'avenir, des fruits
Les épices colorées de leurs habits
La volupté de leurs manteaux de cire
La fragrance aérienne des écharpes en cachemire
Et le goût fumé
Des dossiers
Des papiers
Dans leurs infuseurs
Voyageurs
Bien fermés
J'aime la liqueur de la ville ce matin
Le calme des transports en commun
Qui ont le regard penseur, lointain,
Et l'orchestre floral du jardin, serein.
J'aime sa musique, ses notes parfumées.
Cet air frais me fait voyager
Il descend ma gorge
Emplit mes poumons
De ses champs de blé et d'orge
Et de sa montagne au menthol profond
INSTANT THÉ
24/08/2015
Sur un trône rouge vif
Se repose la boisson sacrée
Enfermée dans un palais
Où vapeurs
Et saveurs
Se mélangent en harmonie.
Sur le flanc, de chaque côté,
Un symbole ancien gravé
Un cercle sombre, un cercle noir,
Symbole de longévité, d'espoir.
Macèrent à l'intérieur
Forces et énergies
Dragons et créatures
Mystères et magie
Se diffuse
L'infusion
Le sachet
Qui s'épanche
Tapis, caché,
Une tâche
Qui avale l'eau chaude
Durant la nuit, attendant l'aube
L'aube d'un jour nouveau
Où le monde se renverse
Où la terre est envahie par les eaux,
Par les eaux qui se déversent
En une cascade fantastique
Entourée de vapeurs mystiques
Alors, se libèrent les odeurs
Et la ménagerie de saveurs
S'échappent les vieux démons
S'en vont les prestigieux dragons
Quand la dernière goutte de thé
Est avalée par un sourire satisfait.
CAFÉ
23/09/2015
Une table, une feuille, un crayon qui se meut,
Un café, un cendrier, et des mots qu'il sème
Sur son dossier, des notes, des formes,
Qui sortent de sa tête, cachée par un béret.
Posé sur la banquette, collé contre le dossier,
Il était là, séant, comme ses mots sur les lignes,
Au bar, isolé, comme dans un interligne,
Le nez dans son café, la plume dans l'encrier.
On humait l'inspiration, on respirait la création,
Dans la salle qui résonnait telle une allitération,
Mais, il demeurait impassible, le regard vide,
En tenant le café dansant et le crayon insipide.
La table écoutait le crayon chanter,
Entraîné par le bras de l'homme au béret,
Qui étalait sur la page des idées, du carbone,
En attendant un point, pour glisser un trombone.
Et quand l'orchestre fut interrompu,
Il ne restait plus qu'à clore le dossier,
Ranger sa mallette, partir, payer,
Et laisser la table et son gobelet,
Comme deux inconnus.
TACHES
22/09/2015
Sur le sol
Taches de pluie
Ça me désole
Tombe sans un bruit
Les taches d'encre
Sur le papier jauni
À l'odeur âcre
Taché de café
Papier gondolé
Venise sur le bureau
Taché de livres
Havre de paix
Entre les feuilles ivres
Qui sont éparpillées
Tachées de solitude
Étalées sur les murs
Les taches de peinture
Des éclaboussures
Qui tache mon manteau
Et ma grande moustache
Tachée d'obscurité
Comme la nuit
Tachée de lumière
Où comme le jour
Taché de nuages
Mais mes taches ne s'effacent pas
A l'encre indélébile
Seul l'alcool les fait brûler
Mais il n'épongera pas mes yeux
Qui sont, depuis trop longtemps
Tachés de sang.
PIGEON
18/10/2015
Ce matin, sur le bord de ma fenêtre,
Un pigeon s'est posé.
Il venait s'abriter du vent frais
Et, pendant une heure, il s'est reposé
Dans son énorme manteau de plume.
Le petit pigeon fatigué vint ainsi fermer ses yeux
Au-dessus des voitures et du café qui fume.
Ses yeux rouges, comme des rubis,
Scintillent d'un éclat rouge et gris
Quand l'oiseau ferme ses yeux,
Comme un chat quand il est heureux.
Son duvet de plumes d'ardoise
S’emboîte sur le rebord de pierre
Par une accroche rouge qui croise
Les nuances de gris, ses serres.
Il ferme ses yeux, observe le monde,
Des rêves, il tourne la tête,
Il veille sur les voitures qui grondent,
En voyant les forains démonter les manèges de la fête.
Il baille, gratte son feuillage,
Puis retourne dans son sommeil,
Comme une gargouille au regard sage,
Qui observe le plumage des arbres vermeils.
Mais, au loin, un vol d'hirondelle,
Ce sont ses congénères qui l’appellent,
Alors le petit pigeon ouvre ses paupières,
Et en un battement d'aile,
Retourne joyeusement au-dessus du ciel.
TABLEAU CYGNÉ
12/02/2016
Comme un cygne désaccordé
Voguant sur un lac attristé
J'erre sans fin dans la montagne
La nuit tombe sur la campagne
La ville ferme ses yeux pourpres
Lorsqu'un chant retenti depuis la lune
Un vent siffle dans le bois chantant
Un vieil air aux motifs croissants
C'est l'appel de la nuit qui déraisonne
Alors, comme la mort qui moissonne
J'ouvre mes ailes, le vent m'emporte
Des feuilles endormies pour escorte
Des bourrasques plein les yeux
Des étoiles dans les cheveux
J'efface les horizons
Je brise les fenêtres
Je traverse les maisons
Je ne laisserais pas de lettres
Je fugue, j'efface le point de fuite
Je perce la toile
Je brise le cadre
La peinture s'étale
S'allongent les statues de marbre
Comme un cygne désacordé
Avec son univers
Le pinceau de la lune m'a aidé
A percé l'atmosphère
Et ce matin, le peintre s'est écrié
<< Le cygne de mon tableau s'est échappé !>>
>>FORÊT<<
FORÊT D'ESPOIR
26/12
D'un pas mélancolique
Avance l'aiguille du temps
En un bruit mécanique
Qui résonne dans la forêt d'antan
Le crépuscule bleu pâle s'abat
Sur la cimes des arbres
Un reflet de bleu et de froid
Sur la chaleur des troncs de marbre
Les bras tombent, les branches se cassent
Les grands survivent, les petits trépassent
Mais la nuit régnera pour toujours
Et quand meurt le jour
S’empalant sur la montagne
Il ne reste que l'espérance d'une lumière qui tressaille
Une bougie au bout du chemin
Un peu de feu, une nouvelle aube
La lueur d'un chant d'oiseau carmin
Un oisillon à demi-mort
Abandonné au matin
Abandonné à son sort
Que l'on vient réchauffer dans une main
C'est le chant d'espoir
L'or du crépuscule
C'est le dernier "au revoir"
À la solitude qui recule.
FORÊT
Sur les sentiers de terre, humant les odeurs du bois,
J'observe les branchages, au sol, et dans le ciel bleu.
Le calme m'enivre, et le vent qui aboie,
Forment une symphonie au volume faible.
Des reflets sur les herbes, un ruisseau qui chante,
Un coulement d'oiseaux, dans le lointain m'enchante,
Mes jambes lourdes sur la terre meuble,
Et un amoncellement d'arbres, tels des immeubles.
Une voûte de branches, un tapis troué de lumière,
Des étoiles blanches et violettes sonnent
Entre les restes des feuilles mortes d'automne.
Des racines apparentes sur des pierres.
Le bois blanc aérien de l'hiver enterré,
Comme des cure-dents, sera bientôt revêtu,
D'un panache vert, flamboyant d'un nouvel été,
Aspirant, calmement, le vent acharné et têtu.
En suivant le chemin sinuant et rocheux,
J'entends le vent qui se faufile dans le lointain,
Un arbre, du bout de son doigt, touche mes cheveux,
L'oiseau chante son opéra depuis ce matin.
Un bruissement de feuilles, au bout de mes jambes,
Elles glissent, chuchotent, comme des écus d'or,
La symphonie boisée, tel le dithyrambe,
Le soleil étend ses bras, et puis, il s'endort.
>> PASSION<<
MILLE
12/12/2015
A mille lieues d'ici
Tu m'emmènes
A travers mille péripéties
Le bonheur que l'on sème
A mille lieues d'ici
Je prends ta main
Nous voguons vers mille galaxies
Nous oublierons tout demain
A mille lieues d'ici
Dans le reflet de la lune
Les mille joies de l'ataraxie
Une petite et pauvre fortune
A mille lieues d'ici
Notre amour utopique
Mille baisers sur ton front adouci
Et, dans tes yeux, le monde réel dystopique
La dystopie infâme dans laquelle je vis
Où je suis à mille lieues de tes yeux
A mille lieu de ta main, à mille lieues de t'aimer
Puisses-tu me rejoindre dans mon utopie ?
PRISONNIER
23/06/2016 01:10 - 01:36
C'est comme cette soirée d'hiver
Avec son froid qui désespère
C'est comme cette époque, bien loin
Mais, le froid en moins
C'est comme ces sentiments soufflées
Par des vents aux semaines emmitouflées
C'est une belle soirée d'été
C'est une nuit au soleil doré
Et je danse
Mais tu ne me vois pas
Et je saute
Mais tu ne le sais pas
Que cette trance
Je ne l'ai que pour toi
C'est ma faute
Je ne devrais pas être la
C'est une nuit ensoleillé
Par les doux projecteurs
C'est une soirée endeuillée
Par ma main qui n'a pas de sœur
C'est comme ces nuits d'hivers
Ta présence m'obsède
Et sur la piste, je désespère
Mais je n'ai besoin d'aide
Car le clown sait faire rire
Quand il ne fait que pleurer
Car le masque de cire
Fond devant les bougies allumées
Mais quel est donc ce bruit ?
C'est celui du silence
C'est l'hiver qui se reconstruit
C'est la fête qui recommence
Et moi
Je danse...
Je danse pour toi
Car je n'ai pas de mots
Je danse sans joie
Car tu ne me dis mot
Et je pleure derrière mon sourire
Car je ne sais comment te faire rire
Et...
Tu viens...
Tu t'approches...
Tu me parles et...
Mon cœur se décroche mais...
Tes paroles chantent dans ma tête
Cet instant, cette silhouette
Cela devrait durer longtemps
Mais tes yeux retournent dans la nuit
Et mon cœur nonchalant
Danse sous la pluie
Car le monde n'est pas si grand
Mais je suis si petit
Et si le monde entends
Je préfère qu'il me le crie
Et si la nuit s'étend
Sur la cour endormie
C'est qu'on peut réveiller encore
Les baisers sous les photophores.
C'est comme ces soirées d'hiver
Ma chemise recouvre mon manteau de froid
Mais qu'est ce que je peux y faire
Je t'aime encore, je crois...
C'était une belle soirée d'été,
Comme il n'y en aura plus jamais
C'était une belle soirée d'été
Mais mon coeur
Demeure
Prisonnier
NUIT
26/12/2015 00:28-45
La nuit se dilue dans tes yeux
Tes yeux bleus nuit, sombres
Comme la voûte des cieux
Où les étoiles projettent leur ombre.
Une lumière lointaine brille dans tes yeux
Une grande ourse ou une ceinture d’Orion
Mais pas un phare me guide à l'horizon
Je suis perdu dans un océan rocailleux
Une lune jaune chante sans bruit
Trônant dans le noir de la nuit
C'est une reine qui m'éblouit
C'est un battement de cœur enfouis
Elle gouverne les étoiles
Une comète la suit
Un nuage la voile
Mais son visage reste pâle
Devant mon cœur couvert de suie
Dans tes yeux, je trempe ma plume,
Une flamme légère de cygne
Derrière la bougie que j'allume
Une plume qui vient pleurer sur le papier
Des mots aux lettres assises, dignes.
Dans tes yeux, je noie mon chagrin
La flamme de mon cœur
Dans cette source pure, s'éteint.
Et je plonge dans le bonheur
De voir le temps qui s'arrête, soudain.
La nuit recouvre tes yeux
Tu es aveugle de mon amour
Le temps éteint en un souffle le feu
Mais il brûlera dans mes yeux pour toujours.
GIBOULÉES ET CERISIERS
28/03/2016
On s'est quitté un matin de mars
Sous les nuages du printemps
Les vieux se jouaient des farces
Et nous nous souriions comme des enfants
On s'est quitté un matin rose
Sous les fleurs des cerisiers
Les immeubles gris, moroses,
Faisaient de l'ombre au soleil hâlé
On s'est quitté sous des giboulées
La saison des fleurs était arrivée
On s'est quitté sous les parfums
De la rue aux souvenirs déteints
Derrière les pubs et les bars
Devant le café des beaux-arts
Nous nous sommes serré la main
Comme pour se dire "à demain"
Des tâches de lait assombrissaient le bleu
Le blanc du soleil illuminait les cieux
Et quand la porte fermera sous peu
Tu les rejoindras et je fermerais les yeux
Et je n'aurais plus que mes souvenirs
Et les cerisiers pour me réjouir
Car le poids de la peine s'est dilué
Avec l'aquarelle des giboulées
La vague du printemps t'a emportée
Mais ton souvenir est resté
Entre manques et requiems
C'est bien comme ça que l'on aime
On s'est quitté comme dans un rêve
Entre cerisiers et giboulées
Au moment où l'hiver s'achève
Je ne t'oublierai jamais
>>VOYAGES<<
VOYAGES
Je me souviens,
D'Athènes et de ses grandes rues,
De ses places ou se promenaient des chiens,
Et de ses trolleybus...
Je me souviens de ses immeubles,
De ses tours de bétons,
New York en contre façon,
Des bancs et des passages piétons,
Une ville peu soucieuse de ses meubles.
Je me souviens des tags,
Des caractères lointains sur les écriteaux,
Je me souviens des vagues,
Ruminant les plages de Tolo.
Je me souviens des pierres,
Des restes de civilisation,
Fragment d'un passé d'argile et de fer,
Que j'étudie maintenant avec passion.
Je me souviens des champs
Des oliviers aux branches dorées,
Bordant les routes sous le soleil ardent,
Où nous foulions la terre aux reflets mordorées.
Les restes de Mycènes, les colonnes de Delphes,
Supporteront toujours le vide du souvenir,
Les allées d'Epidaure, les escaliers de l'acropole,
Mèneront toujours aux méditations à venir.
Oui, je revois ces églises orthodoxes,
Recouvertes de tuiles rouges et ondulées,
Qui tiennent encore debout, quel paradoxe
Quand on les voit dans ces montagnes ensoleillées.
Je me souviens des places et des rues,
Des tombes et des temples,
Du canal de Corynthe en crue,
Et de la mer qui s'étend, ample...
Je revois les théâtres à ciel ouvert,
Ces pas d'artistes ancrés dans la pierre,
Ces statues intemporelles,
Et ces caractères universels.
Entre monts enneigés,
Et mers déchaînées,
Je revois Olympie et son stade déchu,
Où courent encore les souvenirs épiques,
Ainsi que les colonnes doriques,
Ne supportant plus que le ciel qui s'étale
Sur la Grèce et ses merveilles,
Du sirtaki aux images orientales,
Et de ces tissus aux couleurs vermeilles.
UN SOIR A JOLIMONT
08/08/2015
Je me souviens d'un soir,
D'un soir à Jolimont.
Un soir à l'observatoire,
Une nuit d'observation.
On visitait les coupoles,
L'une après l'autre,
Près des étoiles de formol :
Les lampadaires immobiles,
Tels les apôtres,
Autour des astronomes habiles.
Des lueurs vertes formaient des chemins,
Que l'on suivait à grand pas,
Les arbres se tenaient la main,
Dans le parc que la nuit occupa.
On observait des mécaniques,
Des télescopes motorisés,
Des machineries fantastiques,
Qui pointaient le ciel perforé.
On retrouva la lumière de Toulouse,
Quand, tristement, on traversa de nouveau,
La grille verte aux senteurs de pelouse,
Alors, on dit "à bientôt",
À l'observatoire de Jolimont,
En fermant la porte de plomb,
Sur les souvenirs gravés
À la lueur des étoiles,
Sur nos yeux émerveillés,
Tel de l'encre sur une toile
NOSTALGIE
14/08/2015
Sur la route nostalgique,
Sous la pluie ennuagées,
Je retrouve les monts et les pics,
Qui m'ont accompagné
Il y a quatre ou cinq mois,
C'était un voyage que je n'oublierai pas...
Je retrouve les monts embrumés,
Qui, un temps, m'ont inspiré.
Je revois son coude contre la vitre,
Un qui dort, un qui fait le pître,
Je revis ce voyage vers Toulouse,
Je ressens à nouveau la pelouse,
Je traverse les couloirs
Des aires d'autoroutes
De ma chambre dans le noir,
Du bus sur la route,
Des musées, des églises,
Et alors j'ironise,
La larme à l'oeil,
Ce voyage n'aurait pas du finir,
Je revois les étoiles que je cueille,
Je relis ces textes que j'ai du écrire,
Entre avions et télescopes,
Entre observatoires et basiliques,
Des souvenirs embarqués que j'écope,
Sur une aire d'autoroute en musique...
Je ressors ces vieux bagages,
De la soute d'un bus lointain,
J'ai laissé la-haut les nuages,
Aux vieux hôtel, j'ai serré la main,
J'étais reparti dans mes immeubles,
J'avais quitté ceux de Toulouse,
Et voilà que de nouveau j'épouse,
Le paysage et la forêt aimable,
D'un vieux voyage gravé dans mon coeur...
Mais les courbes ne sont plus les mêmes,
Je ne reconnais pas celui que j'aime,
Le décor de son corps s'est fané,
C'est l'automne qui pointe le bout de son nez...
Moi qui aimais les près printaniers,
Je ne retrouve que la pluie
Qui a trempé le soleil attristé,
Il faut quitter Jolimont de nuit,
Sèche tes larmes, il faut rentrer.
SUR LES VITRES DES BUS
06/07/2016
Sur les vitres des bus
Les souvenirs reviennent
Dans les cloches aux voix tues
La chants du passé s'enchaînent
Chaque voie du chemin de fer déchu
Retrace les gerçures de la peine
Sur mon visage aux sentiments nus
Les reflets du soir
Et ceux de l'aurore
Ceux du désespoir
Et ceux de la mort
Ravivent les ombres
Assombrissent les tons clairs
Me rappellent ton visage sombre
Et son tracé qui se perd
Dans un contraste atténué
Dans un paysage obstrué
Par le voile du passé
Une épaisse fumée
Sur les vitres du bus
La pluie battante
Je ne me rapelle plus
De ta voix chantante
De tes yeux dans la nuit
Mais le voyage m'emporte
Je m'en vais, je te fuis
Ton nom s'efface en passant la porte
>>DÉCLIN<<
COUCHANT
27/08/2015
C'est un cœur battant
Un cerceau flamboyant
Qui d'un éclat étincelant
Tâche le paysage de son sang
C'est un meurtre caché
Par des ombres de nuages
C'est un délinquant fâché
C'est un assassin si sage
C'est la nuit qui tombe
Comme un cadavre aérien
Au visage sombre
Et pourtant si serein
C'est un chaos de couleurs
Une symphonie de saveurs
Un tempo de tambour
Un silence qui rend sourd
C'est l'orateur qui écoute
C'est l'auditoire qui se tait
C'est le temps qui s'est arrêté
C'est la nuit qui arrive, sans doute...
SOIR D’ETE
02/08/2015
Je te prie de ne point rire,
Petite fleur du printemps,
Car, ce soir, au soleil couchant,
Il n'y aura pas de morceau de lyre.
Je te prie de ne point dormir,
Ombre allongée du soir d'été,
Qui fond comme une bougie de cire,
Car, ce soir, tu dois rester éveillée.
Je te prie de ne point chanter,
Vent qui court à travers les champs,
Car, ce soir, ce serait méchant
De ne pas respecter le temps qui s'est arrêté.
Je te prie de ne point jouer du tambour,
Océan assis sur le sable blanc,
Car, ce soir, l'air est lourd,
Et nous ne voulons plus des airs d'antan.
Je te prie de ne point te vanter,
Étoile polaire, bien loin de nous,
Car, ce soir, il ne faut pas plaisanter,
Il ne faut pas chahuter, pas faire les fous...
Je te prie de ne point pleurer
Petite fleur du printemps,
Car, ce soir, au crépuscule doré,
La lune a perdu son amant.
FINALEMENT
28/08
Une nuit d'été
Qui sent
L'humidité
De l'automne
Qui approche
Et qui marmonne
Ses feuilles d'or dans le vent
Je suis assis sur ce ciel
Qui s'assombrit
En passant du rose au bleu pastel
Sans aucun bruit
J'observe des rideaux de cirrhus
Qui ferment les fenêtres des étoiles
Derrière une échappée d'oiseaux Horus
Qui projettent leurs ombres sur le reflet pâle
De la lune sur ces vapeurs volantes
Qui s'étendent et qui se lamentent
En voyageant dans l'atmosphère lattante
Sémélé a le visage voilé
Mais enveloppe la terre
D'un drap bleu froissé
Qui paisiblement nous éclaire
C'est une nuit d'été
Au vent un peu frais
Aux motifs caméléons
Dans le ciel gris-blond
Aux mèches de la vieillesse
Qui viennent encadrer la sagesse
Du visage serein de la lune
Et, enfin, comme une promesse tenue
Comme une prédiction accomplie
Vient un coup de sabre, une strie
Qui perce le ciel d'un éclat cru
Une lumière soudaine
Qui déchire la toile paisible
Une étoile filante souveraine
Qui vient couronner la nuit impassible
D'une rayure zébrée
D'une trace de craie
Le temps d'un instant
Où s'arrête le temps
Devant des yeux remplis
D'un émerveillement infini