Au bord du gouffre



Au bord du gouffre, les soirs de plein jour, je me pose.

Je médite, et je m'enivre de mes pensées.

Je retrouve mes souvenirs, comme cette rose,

Fanée. Elle me parle, me rappelle mon passé.


Te souviens-tu, de ces longues journées d'octobre,

Quand la pluie tombait sur tes rêves amers,

Quand, pour tes amis, tu étais l'opprobre,

Quand la tristesse t'attrapait entre ses serres.


L'aigle de la sagesse, t'observait sans cesse,

Te souviens-tu de son regard menaçant,

Qui épiait tes utopies, les tenaient en laisse,

L'aigle qui connaissait tes fantasmes sous-jacent.


Oui, tu voulais rêver, tu voulais t'envoler,

Tu voulais voyager, mais être accompagné,

Tu souhaitais ton bonheur, tu voulais le survoler,

Mais tu es vite retombé, tes rêves éloignés.


Tu te souviens, tes rêves, tu les a enterrés,

Loin, très loin de ton amour-propre, évanoui.

Tu as gardé l'espérance, là, empoussiérée.

Tu l'as gardée, cachée, profondément enfouie.


Oui, vraiment, tu n'as fait que rêvasser, longtemps,

Ta foi oubliée, ton être renié, ta vie,

Tu as tout gâché, tu es là, mécontent,

Pourquoi ne sautes tu pas ? T'en a pas envie ?


Alors, me relevant doucement, je m'approche,

Je me penche, je tend le bras, et je décroche

La rose fanée, d'un coup sec, de son rocher.

Je la lance et l'observe, sur la falaise, s'ébrécher.


Poème présenté au concours Amélie Murat 2015