Forêt Endormie
Petit matin, aube d'un nouveau jour,
Lumière fragile qui glisse ses bras
Entre des branchages sourds.
Les arbres dorment sous leur draps
Blanc de brume qui glissent sous le vent.
Les vapeurs se dissipent lentement,
Sans un bruit, sans un gémissement.
Pas de couleur ni de feuillage,
Les arbres sont restés là, sages.
Allongés sur le sol, ils sont tous là,
Pétrifiés depuis la veille, décharnés,
Arrachés, mutilés, surplombant
Les rives du ruisseau attristé.
C'est un champ de bataille, un terrain
Défiguré et ridé ou se mèlent
Terre et branchages d'airain
Immobiles, parés de pointes cruelles.
La fumée se dissipe lourdement,
Dans un fracas et un écrasement,
Plus de tronc ni de branchage,
Les arbres sont partis, c'est un carnage.
Ils sont venus, avec leurs machines infernales,
Arracher la vie et défigurer la terre,
Ils sont repartis en voleurs, laissant derrière
Eux, les traces d'un crime sinistre et brutal.
Commentaire :
Pour ce poème, l'inspiration m'est venue du défrichage qui avait eu lieu dans le village de ma maison de campagne sur le bord de la rivière. Ce fut un choc car sans les peupliers sur les rives, il y avait un gros vide, surtout que ces arbres étaient là depuis des dizaines d'années.